J'ai beaucoup de sympathie pour Arnaudus, un contributeur vétéran au profil relativement atypique puisqu'il n'intervient que rarement dans les articles, préférant réserver ses contributions aux espaces communautaires de Wikipédia. Et ce qu'il y dit est bien souvent d'une grande justesse et d'une grande pertinence. Il y a quelques jours, son intervention dans une discussion bistrotière sur l'utilisation des bandeaux, me fournit l'occasion de dire tout le mal que je pense du bandeau d'ébauche. De nombreux bandeaux ont une utilité indéniable comme le souligne Arnaudus que je cite presque in extenso :

Un bandeau est un signe d'avertissement grave: soit l'article est indigent, soit il est écrit avec les pieds, soit il ne respecte pas les principes fondateurs. À partir de là, il me semble clair que tout article avec bandeau n'est pas un article encyclopédique. En d'autres termes, comme il ne correspond pas à nos standards de qualité (pourtant hum, pas très élevés), on le garde en ligne pour information, mais ce n'est pas un article destiné à être lu (au moins pas comme un article encyclopédique). Du coup, que les bandeaux soient moches et gënent je-ne-sais-quoi, je vais dire, on s'en fout. J'irais même plus loin: si les bandeaux dissuadent le lecteur, tant mieux. Si les bandeaux vous gênent, faites le nécessaire pour les faire partir! Mais je ne vois pas l'intérêt d'essayer d'atténuer l'impact visuel des bandeaux puisque c'est exatement leur raison d'être.

Néanmoins, le bandeau d'ébauche est une insulte faite à l'intelligence du lecteur. Ce dernier est encore capable de juger seul de ce qu'il a sous les yeux, belle synthèse ou bref survol du sujet annoncé. En plus d'être laid et intrusif, le bandeau d'ébauche participe de cette paresse toute wikipédienne qui consiste à wikifier sans réfléchir (et gonfler son edicount à peu de frais[1]). Ce maudit bandeau d'ébauche fleurit en particulier sur les trop fameuses "biographies" qui sont comme la mauvaise herbe de Wikipédia, impossibles à éliminer et toujours à (re)pousser[2]. Or la plupart du temps, il n'y a rien à développer. J'insiste là-dessus car, comme on le constate aussi dans les propositions aux labels de qualité, l'inflation du contenu va bon train au détriment de l'esprit (et l'effort) de synthèse qui devrait toujours primer[3]. Il est évidemment bien plus facile de dire peu mais bien que trop et mal. Cela d'ailleurs vaut aussi pour les plans soi-disant détaillés qui souvent cachent mal la misère du développement et de la réflexion qui doit le soutenir. Pseudo ébauches et plans à tiroirs : même faillite des articles.

Notes

[1] Il semble d'ailleurs qu'une version remaniée du mythe des "douze travaux" soit en circulation sous la forme des "treize travaux", si vous voyez ce que je veux dire...

[2] Un exemple récent.

[3] C'est d'ailleurs un des effets de bord du critère d'exhaustivité utilisé dans l'appréciation des articles proposés aux labels de qualité. Cela débouche sur la transformation des articles en monographie et, dans les cas qui s'y prêtent, à une dérive narrative (au détriment de l'analyse).