Avec Le Figaro, on n'est jamais déçu. La version web de ce quotidien épouse si étroitement l'agenda gouvernemental dans ses grands titres que c'en est presque émouvant. Ainsi le lecteur a eu droit le 8 décembre à ce titre tout en camouflage verbal : Débat sans passion sur la nation à l'Assemblée nationale. Le journaliste a parfaitement intégré l'idée que le gouvernement aimerait bien désormais se débarrasser de l'expression identité nationale[1]. Il s'agit maintenant pour la communication gouvernementale d'essayer en douceur de contrer son propre effet de simple exposition et d'éteindre la passion xénophobe, ou tout simplement chauvine, qu'il a fait naître[2]. Et Le Figaro, comme on peut le constater, s'y emploie à son niveau.

La chute de l'article, dont le chapeau est une merveille de langue de bois[3], est par ailleurs splendide : Les débats parlementaires sans vote ne rencontrent jamais un grand succès. C'est vrai que transformer l'Assemblée nationale en dernier salon où l'on fait semblant de causer d'un vrai faux sujet de société choisi par les conseillers politiques de l'exécutif pour (re)mobiliser les électeurs en faveur du parti de la majorité est le signe d'une démocratie parlementaire en pleine possession de ses moyens.

Notes

[1] Surtout depuis qu'un sondage a montré que les Français ont flairé une stratégie électorale de l'UMP.

[2] Voir par exemple cet article du Monde.

[3] Les élus de droite se félicitent de l'initiative d'Éric Besson, tandis que la gauche dénonce des arrière-pensées électorales. Pour la première proposition de la phrase comprendre les élus de droite se demandent pourquoi on les a lancé dans cette galère mais se gardent encore de trop ruer dans les brancards et fâcher le Grand Chef. Pour la seconde comprendre nous, journalistes gouvernementaux, faisons semblant de continuer à penser que le lancement de ce débat n'était pas une (grossière) stratégie électorale, et espérons que le lecteur ne poursuivra pas sa lecture plus loin.